Une simple bougie...

Godfried Schalken (1643 - 1706)

J’allume une bougie, une simple bougie…

Ce n’est pas parce que la lumière de la maison n'éclaire plus, non.

Ce n’est pas à cause de l’orage qui gronde.

Ce n’est pas pour créer une ambiance, ni pour parfumer la pièce.

Non, ce n’est pas pour cela…

J'allume une bougie pour célébrer la Nuit des Veilleurs 

J’allume une bougie parce que je pense à elles, je pense à eux tout simplement et ça me fait mal, leur situation fait surgir la douleur de notre impuissance.

Alors Seigneur, nous nous adressons à toi, toi qui peux changer les ténèbres en lumière...

J’allume une bougie…

Mes doigts se tordent ; il faut que j’écrive

Ma respiration m’oppresse juste parce que j’ai du mal à me mettre à leur place ; mon effroi me tuerait je pense si j’endurais leur fatigue, leur épuisement, leur humiliation, les viols, la torture. 

Je ne sais pas si je peux véritablement ressentir leur peur, je ne sais pas si je peux oser l’imaginer ; non, je crois que je n’y arrive pas ; alors j’ai juste envie de prier pour que leur vie change et que change également celle de leurs oppresseurs

Juste envie que l’Esprit de Dieu se manifeste dans leurs vies, leurs corps, leurs âmes et qu’ils ne lâchent rien, jusqu’à ce que les bourreaux eux aussi soient touchés.

Je relis ce que Jésus nous demande :

« Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes… »

Matthieu 5 .44-45

Seigneur, aide-nous, aide-les, nous te supplions…

Ma compassion, je la sens battre à toute allure et grandir au fur et à mesure de ma prière

Je ne veux pas qu’ils agonisent

Je ne veux plus qu’ils souffrent

Je ne veux pas que le mal grandisse

Pitié !

J’allume une bougie…

Je voudrais que la flamme leur dise ce que je ne comprends pas, ce qui est si difficile à écrire, à penser, à transmettre, à déposer

Je voudrais que cette petite lumière atteigne leurs ténèbres, que la mèche ne s’éteigne jamais et brille, brille, brille sans fin, entortillant leurs rêves avec les miens dans une douce communion fraternelle

Oui c’est ça que je voudrais

J’allume une bougie parce que je pense à elles, je pense à eux tout simplement 

Mes doigts se tordent

Je sens battre mon cœur à toute allure et grandir ma compassion et mon espérance quand ma prière, elle, se fait lente, suppliante, agonisante

Je pense à nouveau à leur supplice, celui que je ne veux pas imaginer.

J’allume une bougie…

Je rends grâce pour ma liberté et je supplie pour la leur arrive.

J’allume une bougie, pour elles, pour eux, pour leur liberté, leur vie, leur honneur, leur choix, leurs droits et, en silence, je lève mon regard vers le ciel en criant : 

Seigneur, descend, souffle, descend, pitié, change les cœurs des bourreaux.
Réconcilie les humains entre eux et avec Toi. 
Apprends à chaque homme à aimer son prochain au-delà de ce qu’il peut imaginer…

« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. »

Philippiens 2 . 2-3

Annick SB      26 juin 2020